Au nom d’Allah, le Tout Clément, le Tout Miséricordieux Introduction du traducteur

Louange à Allah, Seigneur de l’Univers ! Qu’Il accorde Son salut et Sa bénédiction à notre Prophète Muhammad, à sa famille et à ses compagnons élus.

La traduction qui est ici proposée du Noble Coran demeure, malgré la nette intention d’en faire une version exempte de maladresses et d’insuffisances, une simple contribution qui ne saurait prétendre à la perfection. Point n’est besoin de répéter que le Noble Coran, étant d’origine divine, se révèle proprement « intraductible ». Que de traductions ont précédé la nôtre, qui ont trahi leurs limites ou reconnu leur incapacité ne serait-ce qu’à approcher la précision et la beauté de cette Parole inimitable ! Et pourtant il s’agissait à chaque fois d’une volonté d’améliorer, de soigner, de reprendre des versets qui avaient été mal interprétés et devaient donc être remaniés. Œuvres de traducteurs illustres et d’esprits brillants, d’Orient comme d’Occident, elles méritaient toutes d’être saluées pour la noblesse de cette entreprise qui devait permettre aux musulmans francophones, ou ne sachant pas l’arabe, de comprendre le sens des versets coraniques. Elles méritaient aussi d’être considérées pour l’immense ouvrage abattu et parfois même pour la qualité de leurs transpositions. Les intentions qui animaient les traducteurs étaient les mêmes, leurs convictions étaient unanimes autour de ce principe d’« intraductibilité » qui met au défi la langue humaine. Mais la qualité de leurs traductions, quoique toujours louable, ne pouvait qu’être inégale.

Depuis les tentatives marquantes des orientalistes, Kazimirski, Blachère, Masson, Berque, jusqu’à celles de Hamidullah, Mazigh, Kechrid ou encore celle de Hamza Boubekeur, ancien Recteur de la Mosquée de Paris, les traductions se sont multipliées pour varier sur le même. L’évaluation de ces dernières ne pouvait pas se faire sur la globalité de l’entreprise. Elle jugeait des parties et des occurrences : là où tel traducteur a failli, un autre a brillamment réussi ; mais dans l’ensemble, il y avait toujours à redire, même pour les plus remarquables.

Qu’on ne s’y trompe pas, cependant. Ces difficultés ne sont pas celles qui relèvent des problèmes théoriques généraux de la traduction. Il n’est que de vérifier à quel point les interprétations des exégètes sont riches et variées pour constater que ces difficultés sont inhérentes encore à la spécificité du texte coranique, texte d’origine divine et qui ne peut être reformulé par un être humain quelles que soient ses compétences linguistiques ou stylistiques.

Aux difficultés de la forme, s’ajoutent celles du fond, dans la mesure où le Noble Coran est un Livre où tout est consigné, comme le dit le Très Haut, gloire Lui soit rendue : « …Nous n’avons rien omis dans le Livre. » (Al-Anʻâm, Les Bestiaux, sourate 6, verset 38).

Livre à portée universelle, le Noble Coran embrasse donc tous les domaines où les questions métaphysiques, scientifiques, sociales, éthiques, théologiques, législatives et autres, sont traitées avec le luxe du détail.

Mais alors que pourrait apporter une nouvelle traduction à celles déjà nombreuses qui l’ont précédée ? À quel édifice va s’ajouter cette pierre si tant est que d’édifice il puisse s’agir ? N’est-il pas facile de s’adosser aux travaux des prédécesseurs et de varier encore sur le même ? Non, c’est justement parce que les modèles sont nombreux que la variation devient difficile. Comment faire pour échapper aux références ? Où puiser pour sortir des anciens moules ? Que forger pour ne pas répéter les notions unanimes ? Voilà la vraie difficulté si l’on met un point d’honneur à renouveler encore malgré le mince espace de liberté que laisse désormais devant nous la liste épuisée, quasi arrêtée, des termes et des tournures. La marge de variation est si réduite, après tant de versions, que des trouvailles lexicales et de vraies prouesses stylistiques sont souvent nécessaires. À titre d’exemples, nous pouvons citer un néologisme comme «Primultime », croisement latin de primus-ultimus (premier et dernier), que nous avons proposé et justifié par une note, pour le mot arabe « Aç-Çamad » (الصمد) dans la sourate 112, verset 2. C’est pour les mêmes raisons que si tous les traducteurs emploient « Ô mon peuple », quand il s’agit d’un Messager qui apostrophe les siens, nous avons, quant à nous, traduit par : « Ô peuple mien », « Ô peuple nôtre ». Ailleurs, quand tous ont employé les « gens de la droite » et les « gens de la gauche », termes rebattus dans le vocabulaire politique d’aujourd’hui, nous avons traduit par « les gens de la dextre » et les « gens de la senestre », expressions moins usitées mais plus dignes d’une traduction coranique. Enfin, nous avons dû forger un adjectif pour traduire le mot fréquent de « Muchrikûn » (مشركون) qui, dans les autres traductions, a abouti soit à des approximations vacillantes comme « polythéistes » ou « idolâtres », soit à des barbarismes qui ne conviennent pas au génie de la dérivation française, comme le mot « associateurs ». Nous avons alors exploité le substantif « associâtrie », déjà utilisé par d’autres traducteurs, pour forger « associâtres », doublon calqué sur le modèle de « idolâtrie » vs « idolâtres ».

Un seul barbarisme n’a pu être évincé : « avertisseur » pour « nadhîr » (نذير), mot qui n’a qu’un sens en français et qui est un synonyme possible de « klaxon ». Nous l’avons le plus souvent possible contourné grâce à l’expression « pour avertir », mais nous n’avons pu l’éviter dans la plupart des cas.

Avec certains pronoms qui ont été mis en relief par des initiales majuscules parce qu’ils renvoient à Allah (Il, Lui, Se, Qui, Celui Qui, Que, Dont), et certains verbes qui Lui sont associés (Voit, Entend, Sait, Connaît), plusieurs notions coraniques ont été traduites d’une façon particulière comparées à celles qu’avaient proposées nos prédécesseurs. L’intérêt de ces nouveaux choix n’est pas tant dans leur originalité mais dans leur cohérence, puisqu’ils unifient un système verbal, nominal ou adjectival lui-même récurrent dans le texte coranique. À titre échantillonnaire, nous pouvons citer « mécroire » pour le trilitère « kafara » (كفر), que nous avons toujours mis au passé composé comme il est presque toujours conjugué dans le Noble Coran, non pour renvoyer à une époque révolue et contredire le caractère permanent des verbes « croire », « mécroire », « accomplir les bonnes œuvres », mais pour exprimer un présent accompli, temps verbal tout à fait compatible avec l’aspect panchronique de ces actions. Nous avons choisi « le Tout Clément » pour « Ar-Rahmân » (الرحمن), « le Tout Miséricordieux » pour « Ar-Rahîm » (الرحيم), « la Géhenne » pour « Jahannam » (جهنّم), « le chemin » pour « As-Sabîl » (السبيل) et « la voie » pour « Aç-çirât » (الصّراط). Lorsqu’il s’agissait du mot « Al-ghayb » tout seul, nous avons traduit par « l’Inconnaissable » en ajoutant toujours, entre parenthèses, la translittération en italiques (ghayb) ; mais lorsqu’il s’agissait de l’expression « Alladhî ya ̒ lamoul-ghayba wach-chahâdah » (الذي يعلم الغيب والشهادة), où le même mot « Al-ghayb » se produit en corrélation avec « Ach-chahâdah », nous avons toujours traduit par la proposition unifiée « Celui Qui Connaît aussi bien les choses insondables que les choses observables » (Voir sourate 6 : verset 73, sourate 8 : verset 62, sourate 9 : versets 94 et 105, sourate 13 : verset 9, sourate 18 : verset 64, sourate 22 : verset 59, sourate 23 : verset 92, sourate 32 : verset 6, sourate 39 : verset 46).

Aussi difficile est la transposition du verbe arabe أنزل ou نزّل que nous avons longtemps hésité à traduire par « faire descendre », qui sonne impropre dans la langue de Molière. Pourtant, sacrifier cette idée de « descente du ciel » qui caractérise la Révélation coranique eût été injuste. Se contenter du verbe « révéler » eût été insuffisant. C’est pour cette raison que nous avons combiné les deux notions en ajoutant à chaque fois au verbe « descendre » l’expression « en révélation » entre parenthèses.

Le mot arabe « âya » آية qui se répète un grand nombre de fois dans le Coran, devait être traduit le plus souvent, conformément à son exégèse, par « signe, prodige, miracle ». Quelquefois, il a été rendu par le mot « verset » qu’il ne signifie que rarement. Comment trancher devant un tel cas d’ambiguïté ou d’homonymie ? Parfois le contexte indique clairement le sens du mot « âya », comme dans la sourate L’Agenouillée (Al-Jâthiyah), verset 6, où il signifie forcément « verset », comme en témoigne le verbe « réciter » dont il est le complément : « Ce sont là les versets d’Allah que Nous te récitons en toute vérité ».

Mais, souvent, la traduction du mot « âya » nécessite le recours aux exégèses les plus plausibles et les mieux considérées. Dans la présente traduction, nous avons principalement utilisé, aussi bien pour le cas du mot « âya » que pour toutes les interprétations litigieuses, les exégèses d’Ibn Kathîr, At-Tabarî, As-Sa ̒dî et Al-Baghawî. Quant à la lecture, elle s’est toujours appuyée sur la version de Hafç.

L’entreprise est plus difficile encore lorsque, plutôt qu’une simple locution ou formule, tout un verset est repris en divers endroits du Noble Coran. Comme exemple, nous pouvons citer le verset 20 de la sourate Ibrâhîm (Abraham), repris mot pour mot dans le verset 17 de la sourate Fâtir (Le Créateur Premier) et que nous avons traduit de la même façon par : « Cela, pour Allah, ne serait pas difficile » pour être fidèle à la littéralité coranique.

Or les exemples sont encore très nombreux où les mêmes versets sont repris à distance dans le Noble Coran. C’est même là une caractéristique de la Parole d’Allah, un autre aspect qui nous met au défi. Nous lisons justement dans la sourate Az-Zumar (Les Groupes), verset 23:

« Allah a fait descendre (en révélation) le meilleur des discours : un Livre dont (les versets) se ressemblent et se reprennent (en écho). Ceux qui craignent leur Seigneur en ont l’épiderme tout hérissé, puis leurs peaux et leurs cœurs s’adoucissent à l’évocation d’Allah. »

Voilà pourquoi s’est imposée une révision minutieuse, fondée sur un pénible travail de mémorisation qui nous a souvent évité de répéter de différentes manières des versets que le Créateur a repris tels quels et que nous nous devions de retraduire à chaque occurrence dans les mêmes termes. À ce propos, nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir bénéficié de l’aide inestimable du Cheikh mauritanien Al-Mukhtar Ahmad Al-Mukhtar, que nous ne saurions remercier assez, puisqu’il s’est chargé de réviser notre traduction en référant à la jurisprudence islamique et à l’exégèse coranique. Titulaire d’une Ijâza dans la récitation de Nâfi ̒ (Warch et Qâlûn), ayant suivi un enseignement approfondi dans les sciences coraniques, le Hadîth, le fiqh malikite, la grammaire, la poésie, avant que d’être mathématicien de formation puis traducteur de plusieurs ouvrages en rapport notamment avec la tradition du Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui), il s’est distingué tout au long de ce travail par sa parfaite connaissance du Noble Coran et son excellente mémoire des versets.

Dans une traduction du Noble Coran, il serait vain et prétentieux, au-delà du fond, d’essayer d’imiter la forme. L’ampleur du rythme, la force du lexique, la consistance de la syntaxe, dépassent infiniment les compétences linguistiques de l’homme et les réduit à l’impuissance. Mais ce n’est pas une raison pour que le traducteur expédie sa transposition dans les formes les plus ordinaires. Sous ce prétexte, certains traducteurs seraient tentés par le moindre effort et ravaleraient la forme de leurs transpositions au rang de la langue approximative, voire fautive. Plus que la correction grammaticale et la clarté du signifiant, le traducteur du Noble Coran devrait donc rechercher l’élégance du style, quand bien même il serait d’emblée conscient de son incapacité à imiter la forme de l’original. Que la langue du texte traduit soit soutenue et soignée, voire recherchée, est le moindre devoir envers une si noble entreprise.

C’est pour soigner le grain final de la présente traduction que s’est imposée alors l’immense contribution de l’écrivain algérien d’expression française Mustapha Bouchareb, qui s’est chargé de relire toutes les épreuves pour les enrichir de ses suggestions linguistiques. Il devait essentiellement vérifier si, à chaque fois, le style était clair et limpide aux yeux du lecteur français ou francophone. Tout traducteur peut effectivement succomber au charme de son propre style et oublier tel modeste lecteur que Mustapha Bouchareb, dont les remarques ont souvent abouti à de véritables remaniements, aime à appeler « le lecteur lambda ». Mais là encore, nous ne pouvons ne pas signaler jusqu’où est allée la contribution de cet écrivain qui, en plus des ses grandes compétences linguistiques, s’est révélé être connaisseur en exégèse et en jurisprudence. Il a donc dépassé nos espérances et nous a agréablement surpris par cet effort supplémentaire mais en parfaite complémentarité avec la tâche du cheikh Al-Mukhtar.

À Mustapha Bouchareb aussi, nous n’avons pas de mots pour exprimer notre sympathie, notre estime et notre gratitude.

On a beau justifier pourquoi il est légitime de traduire plusieurs fois le même texte, une question évidente et tenace revient sans cesse, à laquelle il n’est pas toujours facile de trouver réponse : comment faire pour qu’une énième traduction soit sentie comme nécessaire, utile et nouvelle ? Qu’est-ce qui rendrait possible qu’après tant de traductions françaises du Noble Coran, toutes les unes plus remarquables que les autres, une nouvelle tentative trouve encore quelque faveur auprès du lecteur musulman et francophone ? À cette question ont déjà répondu maints traductologues qui considèrent que toutes les traductions portent fatalement en elles les marques du temps qui les a vues naître et qu’elles doivent, en conséquence, être revues à la lumière du présent. Une telle réponse s’appliquerait encore plus, nous semble-t-il, au cas du texte coranique. Dans cet esprit et pour ces raisons, il faudra que les œuvres majeures soient retraduites encore et encore même quand elles l’ont été plusieurs fois déjà. S’agissant du Noble Coran, l’entreprise est sans doute plus urgente, dans la mesure où l’Islam authentique est aujourd’hui menacé par toutes les dérives interprétatives que l’on sait et qui sont tributaires d’une actualité désinformée et peu favorable. Ou mal servie ou mal jugée, la religion d’Allah n’apparaît sous sa véritable valeur qu’éclairée par le sens authentique des versets coraniques. Là se révèle toute l’importance d’une traduction réactualisée, consciente des enjeux idéologiques modernes et des glissements sémantiques qui, pour servir des causes extrémistes ou islamophobes, font parfois basculer les valeurs coraniques dans un sens ou dans l’autre.

C’est donc aussi pour éviter au Noble Coran toutes ces interprétations tendancieuses que nous nous sommes employés, aidés en cela par de très longues et pénibles révisions d’équipe, à trier pour la présente traduction un lexique unifié et sans risque d’ambiguïté.

Pourtant, ce n’est là qu’une bien modeste contribution au service de l’Islam et du Noble Coran. Des reproches seront probablement faits à cette traduction comme il en a été fait à toutes celles qui l’ont précédée, et nous en sommes absolument conscients. Dans quelque langue qu’ils soient, les mots humains sont beaucoup trop pauvres et insuffisants pour traduire la Parole divine. Cette impuissance du langage humain, tout à l’honneur de qui la reconnaît, n’est-ce pas elle qui légitime autant de retraductions et de tentatives renouvelées, tâtonnantes mais animées du désir d’améliorer, d’éclairer et d’être utile ?

Que le lecteur nous pardonne les insuffisances qu’il pourrait relever dans ce modeste travail et qu’il veuille bien nous les signaler quand il les trouvera.

Et que cette traduction, qui reste une œuvre humaine, ainsi que toute œuvre similaire, soit utile ici-bas et dans l’au-delà. Louange à Allah, Seigneur de l’Univers.

Le traducteur Pr Nebil Radhouane

Histoire de la compilation du Coran

Outre que le Coran a été entièrement mémorisé par plusieurs Çahâba (les Compagnons du Prophète ()), sa conservation par écrit a commencé du vivant même du Prophète (). Alors qu’il le récitait, ses scribes notaient par écrit la révélation sur des morceaux de cuir, sur des os et des branches de palmier ; quant à l’ordre des versets, il suivait ce qu’Allah révélait à ce sujet. Initialement, le Coran n’avait pas été compilé en un seul volume, bien que certains Çahâba en aient fait des copies personnelles pour leur usage propre après l’avoir appris par cœur de la bouche du Prophète lui-même ().

La collecte et la compilation du Coran intervinrent peu de temps après la mort du Prophète (), au cours du Califat de Abu Bakr As-Siddîq. Sur le conseil de ̒Omar Ibn Al-Khattâb, Abu Bakr chargea Zayd Ibn Thâbit de rassembler tout le Coran sur des Feuillets (çuhuf) où il fut consigné par écrit. L'exactitude de ces Feuillets fut vérifiée après avoir été comparée avec ce qu’un grand nombre de Çahâba avaient mémorisé. Après la mort de Abu Bakr, puis celle de ̒Omar, le Coran rassemblé demeura en la possession de la fille de ce dernier, Hafçah, qui était aussi l’épouse du Prophète ().

La standardisation en un seul volume authentique (muçhaf) eut lieu au cours du Califat de ̒Othmân Ibn ̒Affân. La copie qu’avait gardée Hafçah fut récupérée et, sur ordre de ̒Othmân, transcrite avec beaucoup de soin par quatre des scribes les plus savants : Zayd Ibn Thâbit, Abdullah Ibn Zubayr, Sa ̒ad Ibn Al- ̒Âç et Abderrahmân Ibn Al-Hârith Ibn Hichâm. Des exemplaires furent alors envoyés aux différents territoires islamiques pour remplacer tous ceux qui étaient en circulation. ̒Othmân en garda une copie à Médine tandis que les çuhuf originaux furent rendus à Hafçah. Un consensus existait entre les Çahaba quant au contenu de cette copie standard qu’ils considéraient comme la vraie révélation reçue par Muhammad () de la part d’Allah, qu’Il soit exalté.

Le muçhaf de ̒Othmân ne comportait pas de points diacritiques ni de représentation de voyelles, car cela n’était d’aucune utilité pour ceux qui connaissaient la langue arabe pure. La propagation de l’islam parmi d’autres peuples fit naître le besoin de préserver le Coran de lectures ou d’interprétations incorrectes. Dans un premier temps, les oulémas étaient réticents au sujet de ces ajouts, mais il fut convenu qu’ils n’affectaient pas le texte lui-même et n’étaient que des moyens servant à faciliter une prononciation et une compréhension correctes. Ils furent introduits en trois étapes :

Les voyelles courtes furent en premier lieu représentées par des points placés au-dessus, au-dessous et à gauche des caractères. Ce système fut introduit au cours du Califat de Mu ̒âwiyah Ibn Abu Sufyân par Abu Al-Aswad Ad-Du’ly lorsqu’il entendit de sérieuses erreurs dans la récitation du Coran.

De la même manière, les caractères écrits furent différenciés par un autre système de points placés au-dessus, et au-dessous de ces mêmes caractères au cours du Califat de Abdelmalik Ibn Marwân. Sur ordre du Calife, son gouverneur, Al Hajjâj, nomma deux érudits, Naçr Ibn ̒Âçim et Yahyâ Ibn Ya’mur pour mettre en œuvre cette amélioration de l’écriture.

Le système de symboles pour les voyelles courtes utilisé actuellement fut mis au point par Al-Khalîl Ibn Ahmed Al-Farâhîdî au cours de la période abbasside.

Les mérites de certains versets et sourates

1- Abu Sa ̒d Ar-Rafî’ Ibn Al-Mu’alla rapporte : « Le Messager d’Allah () a dit: “ T’apprendrais-je la sourate qui surpasse (toutes les autres) dans le Coran avant que tu ne sortes de la mosquée ? ” Il m’a pris par la main et alors que nous étions sur le point de sortir, j’ai dit : “Ô Messager d’Allah, tu as dit que tu m’apprendrais la sourate qui surpasse (toutes les autres) dans le Coran.” Le Prophète () a dit alors: “Louange à Allah, Seigneur de l’Univers” [sourate Al-Fâtiḥa (La Liminaire)]. Ce sont les sept versets qui sont souvent récités et le Coran grandiose qui me fut révélé. » (Rapporté par Bukhârî)

2- Ibn ̒Abbâs a rapporté ce qui suit: « Alors que l’ange Gabriel était assis avec le Prophète (), il entendit un craquement au-dessus de lui et, levant la tête, il dit : “Ceci est une porte qui s’ouvre dans le ciel aujourd’hui et qui n’a jamais été ouverte auparavant.” Puis lorsqu’ un ange en descendit, il dit : “C’est un ange qui est descendu sur terre où il n’était jamais descendu auparavant.” Il salua et dit : “Réjouis-toi pour deux lumières qui t’ont été apportées et qui n’ont été apportées à aucun Prophète avant toi. Fâtiḥat al-kitâb (la première sourate du Coran) et les derniers versets de la sourate Al-Baqarah (La Vache). Tu n’en réciteras pas une seule lettre sans que ne te soit données les bénédictions qu’elles contiennent.”» (Rapporté par Muslim)

3- Abu Hurayrah a rapporté que le Prophète () a dit: « Ne faites-pas de vos demeures des cimetières. Le diable fuit la demeure où la sourate Al-Baqarah (La Vache) est récitée. » (Rapporté par Muslim)

4- Ubay Ibn Ka ̒b a rapporté: « Le Messager d’Allah () dit : “Abu Al-Mundhir, sais-tu quel verset du Livre d’Allah que tu as [en ta possession] est le plus grand ?” Je répondis : “Allah! Point d'autre divinité que Lui, le Vivant, l'Éternel Veilleur sur Toute chose (Al-Qayyûm).” [2 : 255] Il me frappa alors sur la poitrine et dit : “Que le savoir te soit plaisant, Abu Al-Mundhir.” » (Rapporté par Muslim)

5- Abu Mas ̒ûd Al-Badrî a rapporté que le Prophète () a dit : « Quiconque récite les deux derniers versets de la sourate Al-Baqarah (La Vache) la nuit, cela lui suffira. » (Rapporté par Bukhârî et Muslim)

6- L’on tient de Abu Umâmah Al-Bâhilî que le Prophète d’Allah a dit : « Récite les deux brillantes, Al-Baqarah (La Vache) et Al-Imrân, car au Jour de la Résurrection elles viendront comme deux nuages, ou deux ombrages, ou deux volées d’oiseaux en rangs pour plaider en faveur de ceux qui les récitent. Récitez la sourate Al-Baqarah (La Vache), car la lire apporte les bénédictions et la délaisser apporte le regret. Les magiciens sont incapables de la réciter. » (Rapporté par Muslim)

7- Et l’on tient de Abu Ad-Darda’ que le Prophète () a dit : « Quiconque apprend par cœur les dix premiers versets de sourate Al-Kahf, (La Caverne), sera protégé du Dajjâl. » Dans une autre version, il dit « …les dix derniers versets de la sourate Al-Kahf (La Caverne). » (Rapporté par Muslim)

8- Abu Sa ̒d rapporte, quant à lui, que le Prophète a dit : « Quiconque récite la sourate Al-Kahf (La Caverne) le vendredi, la lumière brillera pour lui jusqu’au vendredi suivant. » (Rapporté par Al-Hâkim et Al-Bayhaqî – hadîth authentique)

9- Et l’on tient de Ibn Mas ̒ûd que le Prophète () a dit : « La sourate Tabâraka (Al-Mulk La Royauté) préserve [quiconque la lit] du châtiment de la tombe. » (Rapporté par Al-Hâkim et Abu Na ̒ îm –hadîth authentique)

10- Quant à Ibn ̒Omar, il rapporte que le Prophète () a dit : « Quiconque voudrait voir le Jour de la Résurrection comme s’il le voyait de ses propres yeux, qu’il récite les sourates At- Takwîr (La sphère obscurcie) Al-Infitâr (La Brisure) et Al-Inchiqâq (La Voûte lézardée). » (Rapporté par Ahmad, At-Tirmidhî et Al-Hâkim—hadîth classé comme bon.)

11- Et d’après Abu Saïd Al-Khudrî le Prophète () a dit encre : « Dis : Il est Allah, l’Un » (la sourate Al-Ikhlâç (La Fidélité)): « Par Celui dont la Main détient ma vie, cette sourate équivaut à un tiers du Coran. » Dans un autre hadîth : « Le Prophète () dit à ses compagnons: “Est-il difficile à chacun d’entre vous de réciter un tiers du Coran en une seule nuit? ” Comme cela leur était difficile, ils dirent : “ Qui parmi nous a la capacité de faire cela, ô Messager d’Allah () ? ” Le Messager d’Allah () répondit : “Dis : Il est Allah, l’Un, Allah le Primultime, ” (la sourate Al-Ikhlâç (La Fidélité)) équivaut à un tiers du Coran. » (Rapporté par Bukhârî)

12- Et de Mu ̒âdh Ibn Anas, l’on tient que le Prophète () a dit : « Quiconque récite “ Dis : Il est Allah, l’Un ” dix fois, Allah construira pour lui un palais au Paradis. » (Rapporté par Ahmad)

13- Et ̒Oqbah Ibn ̒Âmir rapporte que le Messager d’Allah () a dit : « Quels merveilleux versets ont été révélés cette nuit. Nul n’en a jamais vu de semblables ! Ces versets sont : “ Dis : Je cherche refuge auprès du Seigneur de l’aube ” et “ Dis : Je cherche refuge auprès du Seigneur des hommes. ” » (les sourates Al-Falaq (l’Aube naissante) et An-Nâs (Les Hommes) (Rapporté par Muslim)

14- Et d’après Aïcha : « Lorsque le Prophète () se mettait au lit, chaque nuit, il joignait ses mains (les paumes l’une à côté de l’autre) et soufflait dessus après avoir récité les sourates Al-Ikhlâç (La Fidélité), Al Falaq (L’Aube naissante) et An-Nâs (Les Hommes), puis se les passait sur toutes les parties qu’il pouvait atteindre de son corps, en commençant par sa tête, son visage puis sur la partie avant de son corps. Il faisait cela trois fois. » (Rapporté par Bukhârî et Muslim)

15- Enfin, l’on tient de Abdullah Ibn Youssef que Mâlik a entendu Ibn Chihâb rapporter que ̒Orwah a entendu Aïcha dire : « Chaque fois que le Messager d’Allah () tombait malade, il récitait les mou ̒awidhâtes (les sourates Al-Falaq (l’Aube naissante) et An-Nâs (Les Hommes)) puis soufflait sur son corps. Mais quand il tomba sérieusement malade, c’était moi qui les récitais et qui passais ses mains sur son corps en espérant leur bénédiction. (Rapporté par Bukhârî).